De l'arrivée d'une blonde détrempée

Nombre de messages : 2 Date d'inscription : 22/03/2011

"Je ferai en sorte de trouver une embarcation digne de ce nom, alors"

C'est ça. Un catamaran, peut-être ? Une goëlette ? Le paquebot de Mademoiselle est avancé, prenez place ! Nan mais elle a vu ça de sa fenêtre, Blondine ?
La rousse élancée qui pouvait désormais se targuer du titre - au demeurant peu ronflant - de "belle-mère" avait bien prévenu Else, en l'invitant sur Belle Île, de se méfier des barques et qu'on parvenait rarement à bon port avec le fondement sec. A cela, évidemment, la jeune fille avait répondu que merci, qu'elle trouverait donc un autre moyen... Ben tiens !
Comme de bien entendu, un matin de mars, la Lise extorqua une barque à un marin et se rendit, à la force des bras, jusqu'à l'île.

Ca se dit vite, et pourtant... Croyez m'en, elle lutta.
Au reste, c'était son baptême de l'eau. Les rares barques sur lesquelles elle était montée par le passé ne naviguaient guère que dans des lacs paisibles, rien à voir avec l'étendue salée et mouvante qui s'ouvrait sous le plancher humide et vermoulu de cette coque de noix. Elle guerroya longtemps contre les courants, le coeur bondissant dans sa poitrine - ce n'était pas le mal de mer, auquel elle découvrit qu'elle n'était pas sujette, mais la peur insondable de cette masse bleue, mouvante, puissante, et contre laquelle elle se trouvait seule.
Etre seule sur les routes, ce n'est pas grave ; on trouve toujours quelque chose de solide à quoi raccrocher son esprit.
Seule sur l'océan, le regard a vite fait le tour de ce qui se laisse voir : une surface vivante, nue et unique, qui happe le regard, prête à s'ouvrir à tout moment. Et qui, par jeu, vous crache régulièrement à la figure ses relents salés. La petite île battue par les écueils, bastion de solidité à la merci des flots, n'a rien de rassurant.

Enfin, la coque vint butter contre le ponton de bois, secouant une ultime fois le corps bringuebalé de la blonde. Elle se hissa sur les planches, trempée et épuisée, et s'assit au bord de l'embarcadère. Face l'océan. Bleu. Bourdonnement sourd entre les tempes - l'écho tenace de la crainte qui l'a tenaillée, au dessus de l'eau, à imaginer les abysses insondables.

Petite pause, l'unique en fait, qu'elle s'était octroyée en cette journée.
Mais le hasard faisait bien les choses parce qu'alors qu'elle se baladait au bord de l'eau, n'osant aller plus loin étant donné sa grande affinité avec la mer et surtout la froideur de celle ci qui ne faisait pas bon ménage avec son côté frileux, elle aperçue encore une barque.
Décidément, les pécheurs n'étaient pas prêteurs ou peu courtois en ces temps.

La rouquine s'approcha donc du ponton, doucement pour profiter encore un peu d'un moment de répit entre pleurs et paperasse qu'occasionnaient sa vie quotidienne, pour apercevoir une blondinette qui ne lui était pas inconnue.
Sourire aux lèvres, elle vient lui faire une bise avant de vérifier l'état de sa tenue.

Je t'avais prévenue !
Bonne route sinon ?

Nombre de messages : 2 Date d'inscription : 22/03/2011

Sortie de nulle part - ou bien Lise était-elle si profondément plongée dans sa contemplation ? la jolie rousse arriva la saluer. Elle reçut, froidement, poliment, le baiser de bienvenue ; ne fut jamais démonstratrice, et n'est pas près de le devenir, rapport à un futur proche... Mais n'anticipons pas.

- Bonne route... on doit pouvoir dire ça. C'est...

Ben oui, c'est quoi, la mer ? Elle tourna les yeux vers Aalys, cherchant dans son regard un semblant d'assistance, avant de se rappeller que la rousse craignait l'eau. Oh, bien. On se contenterait d'approximations, alors. Ho hisse. Le corps exténué se redressa avec peine, chaque muscle hurlant au sacrilège à l'instant de se contracter. Le vent du large agita d'un frisson ses flancs mouillés.

- Prenant. Comme spectacle. Et comme activité.

Comme pour illustrer le propos, le bras endolori entreprit de se plier et de se déplier, lentement, du coude jusqu'au bout des doigts. Un regard pour la barque. Légère grimace, comme un enfant embarrassé d'être pris en flagrant délit. De se dédire, en l'occurrence. Oui, elle est orgueuilleuse à ce point là.

- J'sais bien, tu m'avais dit... mais j'ai rien trouvé d'autre.

Et j'voulais venir.

- Je dérange pas, au moins ? Sinon je... Oh !

Une vague vint frapper le flanc de la barque, attirant par dessus bord le bout abandonné sur le ponton. Lise se précipita pour le rattraper tandis que ses membres manifestaient leur mécontentement, et l'amarra en râlant à mi-voix.

- Ben oui, un noeud... Pas oublier ça... Comment il a dit que... ah oui ! Là, et puis...Fait pas chaud quand même... Non... Zut... C'est comme ça qu'on passe la... puis là... et... on dit pas corde, il a dit... Ou est-ce que... Tiens... Non. Alors comme... Ouais, bon, disons ça. Là. C'est pas tout à fait ça, mais ça tiendra, hein. Gast, il caille, ici... Ahem. Qu'est-ce qu'on disait... ah, oui ! Si je dérange... ne t'en fais pas, je me ferai toute petite. Trouverai bien à me rendre utile. Par contre... je propose pas de repartir de suite, hein.